On le voit partout : dans les boutiques bio, sur les étals des marchés, sur les réseaux sociaux. Le sel rose de l’Himalaya est devenu une star. On lui prête des vertus “miraculeuses”, on vante sa pureté, sa richesse en minéraux, sa couleur unique… Mais derrière cette belle image, que cache réellement ce sel à la teinte rosée si photogénique ?
Dans cet article, on vous propose de prendre un peu de recul, pour mieux comprendre ce que vous consommez, et vous aider à faire des choix plus éclairés.
D’où vient réellement le sel rose ?
Contrairement à ce que son nom suggère, le sel rose de l’Himalaya ne vient pas des montagnes de l’Himalaya. Il est extrait de la mine de Khewra, située au Pakistan, à plusieurs centaines de kilomètres de la chaîne montagneuse. C’est la plus grande mine de sel gemme au monde, avec une réserve estimée à plus de 600 millions de tonnes.
C’est un sel fossile, formé il y a des millions d’années par l’évaporation d’anciens océans. Il est récolté sous forme de blocs, puis broyé, trié et commercialisé dans le monde entier. Pas si rare, pas si précieux… mais très bien marketé.
Un sel “riche en minéraux”… vraiment ?
Les publicités nous parlent de 84 oligo-éléments contenus dans le sel rose. En réalité, le sel rose de Khewra est composé à plus de 98% de chlorure de sodium, comme le sel de table classique. Les fameux “minéraux” qui donnent cette couleur rosée sont en fait des impuretés métalliques : principalement du fer, mais aussi des traces de plomb, d’arsenic, voire d’uranium.
Alors oui, sa couleur est naturelle. Mais elle est due à la présence de métaux, pas à une richesse nutritionnelle particulière.
Et non, ces micro-quantités de minéraux ne suffisent pas à en faire un aliment “plus sain” ou “meilleur pour la santé”. Elles ne compensent pas non plus l’absence d’iode, un élément essentiel pour notre thyroïde que l’on trouve dans le sel de table iodé.
Aucune base traditionnelle ou médicinale
Autre point important : aucune culture traditionnelle n’a jamais attribué de vertus thérapeutiques particulières au sel rose. Les croyances autour de ses bienfaits énergétiques, détoxifiants, purifiants… sont des inventions modernes, soutenues par une stratégie marketing bien ficelée. On parle de "sel sacré", de "sel le plus pur du monde", de "source d’équilibre"... mais ces idées ne s’appuient sur aucun savoir ancestral.
Il s’agit tout simplement de storytelling commercial.
Un produit ni bio, ni éthique, ni responsable
Le sel rose n’est pas un produit local, bio ou écoresponsable. Il est extrait à grande échelle dans une mine industrielle, où les travailleurs gagnent environ 3 dollars la tonne de sel extraite. Le sel est ensuite transporté, emballé (souvent dans du plastique), parfois même expédié par avion pour les marchés haut de gamme.
Alors que le sel marin ou le sel de Guérande peut être récolté artisanalement, le sel rose de l’Himalaya n’a rien d’un produit écologique ni équitable.
Alors, faut-il arrêter de consommer du sel rose ?
Pas nécessairement. Ce n’est pas un poison, ni un produit dangereux en soi. Mais il faut savoir ce qu’il est vraiment :
• Un sel gemme, extrait d’une mine industrielle ;
• Une jolie couleur due à des traces de métaux ;
• Une absence d’iode ;
• Aucun bienfait prouvé supérieur au sel classique ;
• Un produit à fort impact carbone, issu d’un système d’exploitation peu responsable.
En résumé : ce n’est pas un aliment miracle, et il est loin d’être indispensable dans une cuisine naturelle ou consciente.
Quelles alternatives naturelles au sel rose ?
Si vous souhaitez un sel plus local, plus simple, plus en accord avec vos valeurs :
• Le sel marin non raffiné (comme le sel de Noirmoutier ou de Guérande) reste une excellente option ;
• Le sel de Camargue est riche en minéraux et souvent récolté à la main ;
• Le gomasio (mélange de sésame et de sel) ou les épices sont aussi de très bons moyens de réduire la consommation de sel tout en gardant du goût.
Et si vous cherchez un petit plus en cuisine ? Ce n’est pas la couleur qui compte… c’est le soin, la provenance et l’histoire que vous choisissez de soutenir.
En conclusion
Le sel rose de l’Himalaya n’est ni rare, ni magique. C’est un produit qui a simplement bénéficié d’un bon marketing, mais qui ne tient pas ses promesses écologiques ou nutritionnelles.
Chez Plantes & Recettes, on préfère valoriser des produits locaux, éthiques, simples et utiles. Pas besoin de magie, juste un peu de bon sens… et de goût.