Elle pique, elle gratte, et pourtant… elle soigne. L’ortie est l’une des plantes médicinales les plus riches et les plus sous-estimées. Urtica dioica, de son nom latin, pousse librement partout autour de nous, dans les fossés, les potagers, les clairières. Longtemps vue comme une mauvaise herbe, elle est aujourd’hui reconnue pour ses propriétés exceptionnelles en phytothérapie, en cuisine, et même au jardin. Découvrez pourquoi l’ortie mérite toute votre attention.
Nom et famille botanique
Nom botanique : Urtica dioica
Famille : Urticacées
Ses noms communs
Ortie grande, ortie dioïque, ortie piquante, grande ortie, ortie commune, herbe aux orties… Elle porte plusieurs noms selon les régions, mais tous renvoient à cette plante bien connue pour son contact urticant.
À quoi ressemble l’ortie ?
L’ortie est une plante vivace, robuste, qui peut mesurer entre 50 cm et 1,50 mètre. Elle est reconnaissable à ses tiges dressées, quadrangulaires et couvertes de poils urticants.
Ses feuilles, opposées et dentées, sont également recouvertes de poils qui libèrent une substance irritante au contact de la peau (histamine, acide formique…). Elles sont d’un vert franc, en forme de cœur allongé.
Les fleurs, petites et verdâtres, sont portées en grappes pendantes et apparaissent généralement entre juin et septembre. L’ortie est une plante dioïque, ce qui signifie que les fleurs mâles et femelles poussent sur des pieds séparés.
Étymologie : Le mot « Urtica » vient du latin urere, qui signifie « brûler », en référence à son effet piquant. Quant à « dioica », il fait référence à la particularité de la plante d’avoir des pieds mâles et femelles distincts.
Où pousse-t-elle ?
L’ortie affectionne les sols riches en azote, humides, et légèrement ombragés. On la trouve dans presque toute la France, en bord de chemins, dans les terrains vagues, près des habitations, dans les haies ou à l’orée des bois.
Elle est très présente dans les zones de vie humaine, car elle profite de la richesse des sols en matière organique. Sa présence est d’ailleurs un bon indicateur de sol fertile.
Un peu d’histoire
Utilisée depuis l’Antiquité, l’ortie était déjà connue pour ses vertus médicinales par les Grecs et les Romains. Elle servait alors à traiter les douleurs articulaires, à purifier le sang ou encore à stimuler la circulation.
Au Moyen Âge, elle entrait dans la composition de nombreuses potions purgatives. On la mangeait aussi, en soupe ou en légumes, comme un aliment tonique au printemps.
Elle était même utilisée en textile : ses fibres robustes permettaient de fabriquer un tissu résistant, connu sous le nom de « fil d’ortie ». Durant la Première Guerre mondiale, l’armée allemande a produit des uniformes à base de fibres d’ortie, faute de coton.
En phytothérapie : un trésor de bienfaits
Parties utilisées : les feuilles, les racines, les graines (plus rarement les tiges)
Périodes de récolte :
• Les jeunes feuilles : au printemps (mars à mai), avant floraison.
• Les graines : en été, lorsqu’elles brunissent.
• Les racines : en automne ou à la fin de l’hiver.
Principaux composés actifs :
• Vitamines (A, C, K, B2, B5, B9)
• Minéraux : fer, calcium, magnésium, potassium, silice
• Acides aminés
• Chlorophylle
• Flavonoïdes
• Acides phénoliques
• Lectines (dans les racines)
Propriétés traditionnellement reconnues :
• Reminéralisante (idéal en cas de fatigue, convalescence, carences)
• Dépurative (stimule les fonctions rénales et hépatiques)
• Anti-inflammatoire (soulagement des douleurs articulaires)
• Tonique général (aide à renforcer l’organisme)
• Favorise la pousse des cheveux (grâce à la silice)
• Soutient les fonctions urinaires (notamment les racines chez l’homme)
Modes d’utilisation et posologie
L’ortie peut être utilisée de multiples façons :
En tisane :
Infuser 1 à 2 cuillères à café de feuilles séchées dans une tasse d’eau frémissante, 10 minutes à couvert. Boire 2 à 3 tasses par jour, en cure de trois semaines pour un effet reminéralisant ou dépuratif.
En extrait alcoolique (teinture mère) :
25 à 30 gouttes, 1 à 3 fois par jour dans un peu d’eau. Privilégiée pour les cures détox ou en cas de douleurs articulaires.
En poudre de plante (gélules) :
Dose variable selon les marques. Souvent 1 à 2 gélules matin et soir, en cure de fond.
En cuisine :
Les jeunes feuilles d’ortie sont délicieuses en soupe, pesto, omelette, cake salé… Elles doivent être légèrement cuites pour perdre leur pouvoir urticant.
Usage externe :
Macérat huileux ou décoction à appliquer sur le cuir chevelu pour stimuler la pousse des cheveux. En bain de siège ou cataplasme, pour les douleurs articulaires ou les problèmes de peau.
Précautions d’emploi
L’ortie est une plante très bien tolérée, mais elle peut être contre-indiquée en cas de certaines pathologies rénales (en usage prolongé), ou de traitement anticoagulant (en raison de sa richesse en vitamine K).
Toujours demander un avis médical en cas de doute, notamment si vous suivez un traitement médicamenteux ou en cas de grossesse.
Une sauvage précieuse à redécouvrir
L’ortie est une plante qui nous apprend la patience, la reconnaissance, et la gratitude. Trop souvent arrachée, elle mérite pourtant d’être respectée et redécouverte pour tout ce qu’elle peut offrir à notre santé et à notre quotidien.
Chez Plantes & Recettes, nous croyons que même les plantes les plus communes ont leur place dans une herboristerie du quotidien, accessible, simple et intelligente.
Un savoir ancien à redécouvrir
Chez Plantes & Recettes, nous croyons à la transmission des savoirs. L’ortie en fait pleinement partie. Son usage traverse les âges, ses bienfaits sont étudiés et documentés. Mais il est essentiel de rappeler que cet article a un but purement informatif.
Malgré les connaissances issues d’ouvrages, de chercheurs, de médecins-herboristes et de la tradition populaire, en France, le monopole pharmaceutique interdit à toute structure autre qu’un professionnel de santé ou un pharmacien de revendiquer les effets thérapeutiques des plantes médicinales.
Si vous avez un problème de santé ou un doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un professionnel compétent.