Une infusion qui traverse les frontières
Boire un maté, c’est plus qu’un geste : c’est un rituel, un moment de partage, de connexion, d’énergie. En Amérique du Sud, on le boit entre amis, dans les rues, au travail, dans les familles. Chez nous, le maté séduit de plus en plus par sa richesse naturelle et son effet stimulant. Mais que savons-nous réellement de cette plante ? D’où vient-elle, comment agit-elle sur notre corps, comment la consommer intelligemment ? Cet article vous invite à découvrir le maté sous toutes ses facettes, sans excès de promesses, mais avec tout le respect qu’on lui doit.
Nom et famille botanique
Nom botanique : Ilex paraguariensis
Famille : Aquifoliacées
Ses noms communs
On l’appelle « maté », « thé du Paraguay », « thé des jésuites » ou encore « yerba maté » (littéralement « herbe à maté » en espagnol). À noter que le mot « maté » provient du mot quechua mati, qui désignait une calebasse, le récipient traditionnel pour boire l’infusion.
À quoi ressemble le maté ?
Le maté est un arbre pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres à l’état sauvage, mais généralement maintenu à 4-8 mètres en culture. Il possède des feuilles persistantes, ovales, vert foncé et dentelées, riches en caféine (appelée aussi matéine), qui sont récoltées, séchées, puis légèrement grillées ou fermentées selon les traditions.
Il produit de petites fleurs blanchâtres, discrètes, et des fruits rouges contenant plusieurs graines, mais seules les feuilles sont utilisées en infusion.
C’est une espèce qui ne pousse naturellement que dans certaines régions d’Amérique du Sud, entre 500 et 700 mètres d’altitude, dans un climat chaud et humide.
Où pousse-t-il ?
Le maté est originaire du bassin du Paraná, une région partagée entre le Paraguay, l’Argentine et le sud du Brésil. Il y pousse naturellement dans les sous-bois de forêts subtropicales, où l’humidité et la chaleur favorisent son développement.
Aujourd’hui, sa culture est principalement concentrée dans les provinces argentines de Misiones et Corrientes, mais on le cultive aussi au Brésil (états du Paraná et Rio Grande do Sul) et au Paraguay. Il nécessite un sol profond, bien drainé et acide, ainsi qu’un climat chaud, avec des pluies abondantes.
Un peu d’histoire
Les peuples Guaranis utilisaient déjà le maté bien avant l’arrivée des colons européens, à la fois pour ses vertus médicinales et comme boisson sacrée, réservée à certaines cérémonies.
Les jésuites ont rapidement adopté cette plante et ont même structuré sa culture dès le XVIIe siècle, d’où l’appellation « thé des jésuites ».
Le maté est devenu un symbole de convivialité en Amérique du Sud, et il reste aujourd’hui encore une boisson quotidienne pour des millions de personnes, bien plus consommée là-bas que le café ou le thé. Dans certaines régions, il est bu dès le petit matin et jusqu’au soir, dans une calebasse partagée, avec une paille métallique appelée bombilla.
Sa consommation se répand aujourd’hui dans le monde entier, attirant pour son effet énergisant plus doux que le café, et pour sa richesse en antioxydants.
En phytothérapie : un stimulant naturel aux multiples usages
Parties utilisées et récolte
Ce sont les feuilles qui sont récoltées, séchées, puis soit torréfiées, soit fermentées, selon la méthode locale.
La récolte a lieu après la troisième année de culture, généralement entre avril et septembre (selon l’hémisphère sud).
Principaux composés actifs
• Caféine (matéine)
• Théobromine
• Polyphénols (antioxydants)
• Saponines
• Vitamines (B1, B2, C)
• Minéraux (potassium, magnésium, fer, zinc)
Propriétés traditionnellement reconnues
• Aide à lutter contre la fatigue mentale et physique
• Stimule la concentration et la vigilance
• Soutient le métabolisme (souvent associé à la gestion du poids)
• Favorise la digestion
• Source d’antioxydants protecteurs
Modes d’utilisation et posologie
Le maté peut se consommer de plusieurs façons, selon les goûts et les traditions. Voici les principales :
Infusion traditionnelle (mate cebado)
Infusion à la calebasse : remplir à moitié une calebasse de feuilles sèches de maté, ajouter de l’eau chaude (70-80 °C) sans jamais verser d’eau bouillante. Boire avec une bombilla (paille filtrante). Une même portion de feuilles peut être infusée plusieurs fois.
Infusion classique en théière
Comptez 1 à 2 cuillères à café par tasse. Laisser infuser 5 à 10 minutes dans de l’eau chaude non bouillante. Filtrer et boire chaud ou froid.
Maté glacé
Infuser le maté selon la méthode classique, laisser refroidir puis placer au frais. On peut y ajouter du citron, de la menthe ou du gingembre pour un effet rafraîchissant.
Gélules ou extraits
Certains compléments alimentaires proposent du maté sous forme de poudre ou d’extraits concentrés. Se référer alors aux indications du fabricant.
Précautions d’emploi
Le maté contient de la caféine, il est donc à éviter en cas d’insomnie, de troubles du rythme cardiaque ou chez les personnes sensibles aux excitants.
La consommation excessive de maté très chaud a été associée à des risques accrus de certaines maladies, notamment de l’œsophage, dans le cas de consommation quotidienne à haute température (plus de 65 °C), comme c’est parfois le cas dans les habitudes culturelles sud-américaines.
En usage modéré, à température raisonnable, il n’y a pas de danger identifié pour la majorité des adultes en bonne santé.
Déconseillé aux enfants, femmes enceintes ou allaitantes sans avis médical.
Une plante de tradition et de science
Chez Plantes & Recettes, nous croyons à la transmission des savoirs. Le Maté en fait pleinement partie. Son usage traverse les âges, ses bienfaits sont étudiés et documentés. Mais il est essentiel de rappeler que cet article a un but purement informatif.
Malgré les connaissances issues d’ouvrages, de chercheurs, de médecins-herboristes et de la tradition populaire, en France, le monopole pharmaceutique interdit à toute structure autre qu’un professionnel de santé ou un pharmacien de revendiquer les effets thérapeutiques des plantes médicinales.
Si vous avez un problème de santé ou un doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un professionnel compétent.
