Une plante qui inspire la sérénité

Il suffit de croiser une passiflore en fleur pour comprendre qu’elle ne ressemble à aucune autre. Sa beauté complexe intrigue, presque mystique, comme si elle renfermait un secret ancien. Et c’est un peu le cas. Depuis des siècles, cette plante grimpante aux fleurs spectaculaires est utilisée pour calmer le corps et l’esprit. Aujourd’hui, elle reste l’une des plantes les plus appréciées en herboristerie pour accompagner les troubles du sommeil, du stress et de l’anxiété.

Nom et famille botanique

Nom botanique : Passiflora incarnata
Famille : Passifloracées

Ses noms communs

On l’appelle aussi fleur de la passion, grenadille, liane de la passion, ou encore passiflore officinale. Son nom latin fait référence à sa couleur (incarnata signifiant “incarné”, rose pourpre), mais aussi à sa symbolique chrétienne ancienne.

À quoi ressemble la passiflore ?

La passiflore est une plante grimpante vivace, pouvant atteindre 5 à 10 mètres de long si elle est bien installée. Elle s’accroche aux supports grâce à ses vrilles spiralées.

Ses feuilles, profondément découpées en trois lobes, sont d’un vert vif. Mais ce sont ses fleurs qui marquent les esprits : grandes, complexes, composées d’une couronne de filaments souvent violets et blancs, avec une structure centrale unique en son genre, faite d’étamines et de styles dressés. Elles s’épanouissent entre juin et septembre, attirant les insectes pollinisateurs par leur nectar.

Le fruit, appelé grenadille, est une baie ovoïde de couleur jaune orangé à maturité. Certaines espèces de passiflore donnent des fruits comestibles, comme Passiflora edulis (le fruit de la passion), mais Passiflora incarnata est surtout cultivée pour ses usages médicinaux.

Étymologie : Le mot Passiflora vient du latin passio (passion) et flos (fleur). Les missionnaires espagnols y voyaient un symbole de la Passion du Christ : les dix pétales et sépales pour les apôtres (moins Judas et Pierre), les filaments pour la couronne d’épines, les étamines pour les plaies, etc. Un imaginaire puissant a donc accompagné cette plante à travers les siècles.

Où pousse-t-elle ?

Originaire du sud-est des États-Unis et d’Amérique centrale, la passiflore incarnata s’est bien adaptée à de nombreux climats tempérés. En France, elle est aujourd’hui cultivée dans les jardins ou les potagers pour ses qualités ornementales et médicinales.

Elle apprécie les sols riches, bien drainés, et une exposition ensoleillée ou légèrement ombragée. Sa rusticité dépend des variétés : Passiflora incarnata peut résister à de courtes gelées, ce qui permet sa culture dans de nombreuses régions françaises.

Un peu d’histoire

La passiflore est utilisée traditionnellement par les peuples autochtones d’Amérique pour ses effets calmants. Introduite en Europe au XVIIe siècle, elle devient rapidement une plante appréciée en phytothérapie, notamment pour les troubles nerveux.

Les premiers usages médicinaux documentés remontent au XIXe siècle, où elle est recommandée pour l’anxiété, les insomnies et l’agitation mentale. Elle entre alors dans les pharmacopées traditionnelles en tant que “sédatif végétal” naturel, souvent en synergie avec d’autres plantes comme la mélisse ou la valériane.

En phytothérapie : la plante du calme par excellence

Parties utilisées : Parties aériennes fleuries (tiges, feuilles, fleurs).
Période de récolte : En été, idéalement au moment de la floraison.

Principaux composés actifs :
•    Flavonoïdes (vitexine, isovitexine, orientine)
•    Alcaloïdes harmaniques (passiflorine…)
•    Coumarines
•    Maltol
•    Huile essentielle en faible quantité

Propriétés traditionnellement reconnues :
•    Aide à l’endormissement
•    Apaisement du système nerveux central
•    Réduction de l’anxiété et du stress
•    Atténuation des palpitations liées aux tensions émotionnelles
•    Soulagement des spasmes digestifs d’origine nerveuse

Modes d’utilisation et posologie

La passiflore peut être utilisée seule ou en synergie avec d’autres plantes apaisantes.
•    Infusion : 1 cuillère à soupe de plante sèche pour une tasse d’eau frémissante. Infuser 10 minutes à couvert. Boire 2 à 3 tasses par jour, dont une le soir avant le coucher.
•    Teinture mère ou extrait alcoolique : 25 à 30 gouttes diluées dans un peu d’eau, 1 à 3 fois par jour selon les besoins.
•    Gélules de poudre de plante : selon les recommandations du fabricant (souvent 1 à 2 gélules 2 à 3 fois par jour).
•    Synergies : Souvent associée à la valériane, la mélisse, le houblon ou l’aubépine dans des préparations dédiées au sommeil ou à la détente.

Précautions d’emploi

La passiflore est une plante bien tolérée, même sur de longues périodes.
Cependant, elle est déconseillée aux femmes enceintes sans avis médical.
Elle peut potentialiser l’effet de sédatifs ou d’anxiolytiques (benzodiazépines, somnifères). Évitez donc les associations sans surveillance.
Enfin, prudence en cas de conduite automobile après une dose élevée : la somnolence est possible.

Un trésor végétal à respecter

Chez Plantes & Recettes, nous croyons à la transmission des savoirs. La passiflore en fait pleinement partie. Son usage traverse les âges, ses bienfaits sont étudiés et documentés. Mais il est essentiel de rappeler que cet article a un but purement informatif.

Malgré les connaissances issues d’ouvrages, de chercheurs, de médecins-herboristes et de la tradition populaire, en France, le monopole pharmaceutique interdit à toute structure autre qu’un professionnel de santé ou un pharmacien de revendiquer les effets thérapeutiques des plantes médicinales.

Si vous avez un problème de santé ou un doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un professionnel compétent.