Les extraits de plantes : principes, applications et recettes maison
Qu’est-ce qu’un extrait de plante (aussi appelé teinture ou alcoolature) et comment le préparer ?
Depuis la nuit des temps, les humains utilisent les plantes pour se soigner. Aujourd’hui, on assiste à un véritable retour aux remèdes naturels : de plus en plus de personnes souhaitent reprendre en main leur santé grâce aux plantes médicinales. Fabriquer ses propres préparations herbales apporte autonomie et satisfaction, en nous reconnectant aux méthodes traditionnelles. Parmi ces recettes d’herboristerie familiale, l’extrait de plante hydroalcoolique occupe une place de choix. Accessible même aux débutants, cette méthode simple permet d’extraire et de conserver durablement les vertus des plantes. Dans cet article chaleureux et complet, vous allez découvrir ce qu’est un tel extrait et comment le réaliser chez vous, étape par étape.
Extrait de plante, teinture, alcoolature : qu’est-ce que c’est ?
Un extrait de plante hydroalcoolique est une préparation liquide obtenue par macération de plantes dans un mélange d’alcool et d’eau. Concrètement, on laisse tremper une plante sèche (feuilles, fleurs, racines, etc.) dans de l’alcool pendant plusieurs semaines afin d’en extraire les principes actifs. On parle couramment de teinture pour désigner ce type d’extrait concentré. D’autres termes voisins existent, qu’il convient de distinguer :
Teinture (phytothérapie classique) : macération de plante (généralement sèche) dans un alcool très fort (souvent 60° à 90°) pendant environ 3 semaines. On obtient un extrait concentré utilisé en herboristerie traditionnelle.
Teinture-mère (homéopathie) : préparation de base en homéopathie, réalisée par macération de plante fraîche dans l’alcool selon un protocole spécifique, puis utilisée pour les dilutions homéopathiques.
Alcoolature : terme souvent employé pour les teintures maison à base de plante séchée et d’alcool titrant autour de 40°. De nos jours, on utilise fréquemment ce mot comme synonyme d’extrait hydroalcoolique artisanal.
En pratique, ces trois termes sont souvent employés de manière interchangeable pour parler des extraits de plantes obtenus par macération dans l’alcool. Retenez bien qu’un extrait hydroalcoolique de plante est un moyen simple d’obtenir un remède concentré, utilisable en interne (dilué dans un peu d’eau) ou en application externe, avec une longue durée de conservation. Pour simplifier, nous utiliserons principalement le terme « teinture » ou « extrait de plante » dans la suite de l’article.
Pourquoi préparer des extraits de plantes maison ?
Pourquoi s’intéresser aujourd’hui à cette vieille méthode de macération hydroalcoolique ? Préparer vos propres teintures maison présente de nombreux avantages pour les amateurs de remèdes naturels :
Autonomie et résilience : en fabriquant vos propres extraits de plantes, vous devenez plus autonome pour soigner les petits maux du quotidien. Vous n’êtes plus dépendant des pharmacies ou des laboratoires pour disposer de certains remèdes, ce qui peut s’avérer précieux en situation d’urgence ou d’isolement. C’est une démarche résiliente qui s’inscrit dans une philosophie Do It Yourself et une souveraineté en matière de santé.
Conservation longue durée : un extrait hydroalcoolique bien préparé se conserve plusieurs années sans perdre son efficacité. L’alcool agit comme un puissant conservateur qui préserve les molécules actives de la plante. Ainsi, vous pouvez stocker vos préparations et constituer une véritable petite pharmacie naturelle durable. À titre de comparaison, une infusion ou une décoction ne se conserve que quelques heures ou jours, et même les plantes sèches perdent progressivement de leur puissance au fil des mois. La teinture, elle, fixe les principes actifs sur le long terme.
Économie : réaliser vos extraits vous-même revient bien moins cher que d’acheter des compléments alimentaires ou teintures tout prêts. Un flacon de teinture du commerce peut valoir une vingtaine d’euros, alors que la faire chez soi ne coûte que quelques centimes d’alcool et de plantes par dose ! En plus, préparer soi-même ses remèdes est simple et permet de faire de grandes économies comparé à l’achat en pharmacie ou magasin spécialisé. Sans compter que vous pouvez réutiliser vos flacons et réduire les déchets d’emballage.
Valorisation de vos plantes séchées : si vous pratiquez la cueillette ou que vous avez un jardin médicinal, la teinture est un excellent moyen de valoriser vos récoltes. Plutôt que de stocker de gros volumes de plantes sèches (qui prennent de la place et s’abîment avec le temps), vous pouvez les transformer en extraits hydroalcooliques beaucoup plus compacts et stables. Quelques flacons d’extraits concentrés remplacent avantageusement des kilos de plantes dans un placard ! De plus, cette méthode permet d’extraire certains composés peu solubles dans l’eau (par exemple les résines ou alcaloïdes) que l’infusion classique n’obtient pas toujours.
En résumé, faire ses extraits de plantes maison permet de profiter du meilleur des deux mondes : on puise dans la sagesse des anciens tout en bénéficiant d’une conservation moderne et d’une grande facilité d’utilisation. Envie d’essayer ? Voyons maintenant concrètement comment procéder pour réaliser votre propre teinture pas à pas.
Comment faire un extrait de plante (teinture) maison ?
La macération hydroalcoolique d’une plante demande un peu de temps (quelques semaines) pour en extraire tous les composés actifs. Bonne nouvelle : réaliser un tel extrait chez soi est à la portée de tous et ne requiert aucun matériel de laboratoire. Avec quelques ustensiles de cuisine et un peu de patience, vous y arriverez facilement. Il suffit de suivre quelques étapes simples :
Matériel nécessaire
Plantes médicinales sèches (feuilles, fleurs, racines) de qualité – idéalement issues de l’agriculture bio ou d’une cueillette propre (voir notre sélection de plantes médicinales)
Alcool alimentaire titrant ~40° – par exemple eau-de-vie de fruit artisanale, vodka ou rhum blanc
Bocal en verre propre à couvercle hermétique – type bocal à confiture ou pot Le Parfait
Mortier avec pilon (optionnel, pour concasser la plante sèche) – par exemple ce petit mortier en bois avec pilon
Petit fouet de cuisine (optionnel, pour mélanger) – par exemple un fouet en acier inoxydable 18 cm
Étamine en coton propre ou filtre à café en coton bio pour la filtration (ex : notre étamine en coton réutilisable ou un filtre à café en coton bio)
Petit entonnoir pour transvaser facilement les liquides – par exemple ce mini-entonnoir adapté aux flacons
Flacon en verre ambré avec pipette (100 ml) pour conserver et utiliser la teinture – par exemple un flacon compte-gouttes 100 ml en verre ambré
Bouteille d’apothicaire en verre (250 ml) pour stocker une plus grande quantité d’extrait – par exemple notre bouteille apothicaire ronde 250 ml
1. Choisir la plante et l’alcool adaptés
Commencez par sélectionner la plante médicinale que vous souhaitez utiliser. Pour une première teinture, il est conseillé d’employer des plantes séchées (tisanes, plantes en vrac) plutôt que des plantes fraîches, car ces dernières contiennent beaucoup d’eau. En effet, l’eau de la plante pourrait abaisser le degré d’alcool du mélange et compromettre la conservation (risque de fermentation ou de moisissure). Assurez-vous également que la plante choisie est comestible et sans danger aux doses usuelles (attention, certaines plantes ne se consomment pas du tout en teinture – voir les précautions plus bas).
Côté solvant, utilisez de préférence un alcool alimentaire autour de 40°. Un alcool de fruit artisanal à 40° est idéal, mais une vodka ou un rhum blanc du commerce font très bien l’affaire. Évitez les alcools forts aromatisés (whisky, gin…) qui pourraient masquer le goût et les propriétés de la plante. N’utilisez jamais d’alcool dénaturé ou non alimentaire (alcool à brûler, alcool ménager), car ces produits sont toxiques ! Inutile également d’employer de l’alcool pur à 90° pour un usage grand public : ~40° suffisent pour extraire la majorité des principes actifs tout en garantissant la stabilité du mélange.
2. Préparer le mélange plante-alcool dans un bocal
Munissez-vous d’un bocal en verre propre, de préférence de petite taille et à fermeture hermétique (un bocal de confiture ou pot Le Parfait convient). Un contenant plus petit limite la quantité d’air à l’intérieur et donc l’oxydation pendant la macération. Placez-y votre plante sèche, préalablement émiettée ou coupée finement – plus les morceaux sont petits, meilleure sera l’extraction. Idéalement, vous pouvez broyer légèrement la plante au mortier pour augmenter sa surface de contact avec le solvant.
Quelle quantité de plante et d’alcool utiliser ? La proportion classique en herboristerie est 1:10 pour les plantes sèches. Cela signifie 1 part de plante pour 10 parts de solvant (par exemple, 10 g de plante pour 100 ml d’alcool, ou 100 g de plante pour 1 L d’alcool). Pour les plantes très volumineuses (feuilles légères, fleurs aériennes), on peut aller jusqu’à 1:15 car leur densité est faible. L’essentiel est que toute la plante soit bien immergée par le liquide. Disposez la plante dans le bocal, puis versez l’alcool à 40° par-dessus jusqu’à ce qu’elle soit totalement recouverte. Remuez avec un ustensile propre (une cuillère en bois, ou même un petit fouet) afin d’éliminer les bulles d’air et de bien imbiber toute la plante. Il ne doit pas rester de parties sèches non submergées, sinon elles risquent de moisir. Une fois la plante bien recouverte d’alcool, fermez le bocal de façon hermétique.
3. Laisser macérer en remuant régulièrement
Placez le bocal rempli dans un endroit à température ambiante, à l’abri de la lumière directe (un placard de cuisine convient bien). La macération va durer au minimum 3 semaines. Durant la première semaine, remuez délicatement le bocal chaque jour (en le secouant doucement ou avec une cuillère propre) pour homogénéiser la préparation et faciliter l’extraction des principes actifs. Ensuite, secouez le bocal tous les deux jours environ. Veillez à ce que les plantes restent toujours bien immergées : si vous voyez le niveau d’alcool baisser (la plante sèche peut absorber beaucoup de liquide au début), n’hésitez pas à rajouter un peu d’alcool pour maintenir le tout couvert.
Au fil des jours, vous remarquerez la couleur du liquide s’intensifier et son arôme évoluer – signe que la plante libère ses précieux composés dans la solution. La macération peut s’étendre de 3 à 4 semaines, voire davantage : certaines personnes laissent macérer 6 semaines pour une extraction maximale. Cependant, au-delà d’une certaine durée, on atteint une saturation : prolonger beaucoup plus longtemps n’apporte pas forcément de bénéfice supplémentaire. Trois à quatre semaines constituent en général un bon compromis entre la richesse de l’extrait et la praticité. Soyez patient, la nature fait son œuvre !
4. Filtrer la préparation
Une fois le temps de macération écoulé (au moins 3 semaines, plus si désiré), il est temps de récupérer votre extrait de plante. Préparez un dispositif de filtrage : par exemple, prenez une passoire fine ou un chinois recouvert d’une étamine propre (ou d’un filtre à café en tissu). Placez-le au-dessus d’un bol ou d’un autre récipient propre. Ouvrez le bocal et filtrez lentement le contenu à travers ce dispositif afin de séparer le liquide de la plante.
Les plantes macérées vont rester dans l’étamine ou le filtre ; vous pouvez les presser (à l’aide du tissu) pour extraire jusqu’à la dernière goutte de teinture. Portez des gants propres si vous pressez à la main, car l’alcool peut irriter la peau et certaines plantes peuvent la teinter. Cette étape peut prendre quelques minutes : laissez le liquide s’égoutter tranquillement pour ne rien perdre. Une fois que tout le liquide s’est écoulé, le résidu de plante peut être jeté au compost, et le liquide récupéré est votre extrait de plante concentré.
5. Conditionner et conserver l’extrait
Transvasez l’extrait filtré dans un flacon en verre propre, de préférence en verre ambré (le verre teinté protège des UV). Les flacons avec compte-gouttes intégré sont très pratiques pour l’usage ultérieur. À l’aide d’un entonnoir (un mini-entonnoir est bien utile ici), remplissez votre flacon compte-gouttes avec la teinture. Si vous avez obtenu une grande quantité de liquide, vous pouvez utiliser une bouteille type apothicaire de 250 ml pour stocker le surplus, puis recharger au besoin votre petit flacon compte-gouttes pour l’usage quotidien. Fermez bien le flacon et étiquetez-le immédiatement : inscrivez le nom de la plante, le type de solvant utilisé (par ex. alcool 40°) et la date de fabrication.
Conservez vos flacons d’extrait de plante dans un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière directe (un placard fermé, par exemple). Bien stockée, votre teinture maison se gardera plusieurs années sans problème. En effet, avec un alcool de bonne qualité titrant 40° ou plus, la préparation ne va pas s’altérer et pourra être utilisée pendant 5 ans voire davantage. Il peut être utile de tenir un petit carnet de notes pour suivre vos fabrications (recettes, dates, proportions utilisées, remarques sur le résultat). Vous pourrez ainsi reproduire facilement vos réussites ou ajuster vos méthodes lors des prochaines préparations.
Précautions à prendre
Bien que la fabrication d’extraits de plantes maison soit simple et sûre, quelques précautions s’imposent :
Qualité des ingrédients : utilisez des plantes médicinales de qualité, si possible issues de l’agriculture biologique ou de cueillettes dans des zones non polluées. Si vous cueillez vous-même vos plantes, assurez-vous de bien les identifier (pas d’erreur d’espèce !) et de respecter les bonnes pratiques de récolte. Faites ensuite sécher complètement vos plantes avant de les utiliser : à l’ombre, dans un endroit aéré, jusqu’à ce qu’elles soient bien cassantes et sèches à cœur. Des plantes insuffisamment séchées contiennent encore de l’humidité, ce qui peut diluer l’alcool en dessous du degré requis et faire échouer la conservation. Par ailleurs, toutes les plantes ne sont pas forcément adaptées à une consommation sous forme d’extrait hydroalcoolique.
Choix des plantes (toxicité) : Attention : certaines plantes médicinales peuvent être toxiques ou dangereuses si mal employées, même en teinture. Par exemple, des plantes pourtant communes comme la digitale pourpre ou l’if sont mortelles et ne doivent jamais être utilisées en extrait maison. De manière générale, si vous avez le moindre doute sur l’innocuité d’une plante, demandez conseil à un professionnel qualifié avant de l’ingérer. Pour débuter, mieux vaut s’en tenir aux plantes douces et traditionnelles (camomille, menthe, thym, aubépine, etc.) dont l’usage est bien maîtrisé.
Alcool et sécurité : n’oubliez pas que vous manipulez de l’alcool à 40°, qui est inflammable – tenez-vous donc éloigné de toute flamme nue lors de la préparation. Ne fumez pas en manipulant vos bocaux d’extrait hydroalcoolique. Par ailleurs, la teinture finie reste une solution alcoolisée : elle est donc déconseillée aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas consommer d’alcool, même en petite quantité. Certes, en usage normal on n’ingère que quelques millilitres d’alcool par dose (ce qui n’est pas plus que la quantité d’alcool présente naturellement dans certains fruits très mûrs ou jus fermentés), mais par principe de précaution il est recommandé d’éviter les teintures pour les femmes enceintes, les mères allaitantes, ainsi que pour les personnes souffrant de problèmes hépatiques ou d’addiction à l’alcool. Pour ces publics sensibles, on privilégiera d’autres formes de remèdes sans alcool (infusions, sirops, macérats glycérinés, etc.). Enfin, veillez à conserver vos flacons d’extrait hors de portée des jeunes enfants pour éviter toute ingestion accidentelle.
En respectant ces précautions de base, fabriquer et utiliser des extraits de plantes maison est sûr et gratifiant. Vous pourrez profiter de vos préparations en toute confiance. À présent, intéressons-nous aux plantes phares que l’on peut préparer de cette manière.
Les plantes couramment utilisées en teinture
De très nombreuses plantes médicinales peuvent être préparées en extrait hydroalcoolique. En France, certaines font partie des indispensables de l’herboristerie, en raison de leurs bienfaits traditionnels reconnus. En voici quelques-unes :
Aubépine (Crataegus monogyna) : réputée pour ses vertus apaisantes sur le cœur et le système nerveux. La teinture d’aubépine est traditionnellement utilisée pour soutenir une bonne circulation sanguine, modérer les palpitations et favoriser le calme intérieur en cas de nervosité ou de stress.
Ortie (Urtica dioica) : cette plante sauvage est un véritable concentré de minéraux et oligo-éléments. En extrait hydroalcoolique, l’ortie est à la fois reminéralisante et stimulante. On l’emploie pour fortifier l’organisme en cas de fatigue, aider à soulager les douleurs articulaires, et améliorer l’état des cheveux et des ongles grâce à sa richesse en silice.
Cassis (Ribes nigrum) : les feuilles et bourgeons de cassis donnent un extrait réputé pour ses propriétés anti-inflammatoires et drainantes. C’est un classique pour aider à lutter contre les douleurs articulaires (arthrite, arthrose) et les allergies saisonnières, en soutien des glandes surrénales. Le cassis est d’ailleurs souvent qualifié de « cortisone-like » naturel dans la phytothérapie traditionnelle, pour son action comparable à celle de la cortisone (sans les effets indésirables).
Mélisse (Melissa officinalis) : grande alliée du système nerveux, la mélisse en teinture apporte des effets apaisants notables. On la prend pour faciliter la digestion perturbée par le stress (lorsque l’anxiété provoque des maux de ventre), pour calmer une anxiété légère et retrouver un meilleur sommeil. Son goût légèrement citronné la rend en plus agréable à consommer en extrait hydroalcoolique.
Romarin (Rosmarinus officinalis) : tonique et stimulant, le romarin en teinture est utilisé comme draineur hépatique (pour soutenir le foie) et comme stimulant général en cas de fatigue ou de convalescence. C’est également un antioxydant reconnu. Quelques gouttes de teinture de romarin avant un repas peuvent aussi aider une digestion lente en activant la production de bile.
Millepertuis (Hypericum perforatum) : surnommé la “plante du soleil”, le millepertuis est traditionnellement employé pour soutenir le moral et lutter contre les baisses de joie de vivre. Sa teinture peut être utilisée en usage interne (pour les légers états dépressifs saisonniers, ou les troubles du sommeil liés à l’anxiété) – avec prudence – ainsi qu’en usage externe sur de petites irritations de la peau. Attention : le millepertuis présente des interactions médicamenteuses importantes (il accélère le métabolisme de nombreux traitements). Il convient de demander conseil à un professionnel de santé avant de l’utiliser en interne si vous suivez un traitement médicamenteux quelconque.
Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive. D’autres plantes tout aussi utiles peuvent être préparées en teinture, par exemple l’arnica (en teinture pour application externe sur les coups et les bleus), la valériane (aux propriétés sédatives pour favoriser le sommeil), l’échinacée (immunostimulante pour soutenir les défenses naturelles) ou encore la propolis (antiseptique naturel produit par les abeilles, souvent utilisée pour désinfecter les petites plaies). À vous de découvrir les plantes qui correspondent à vos besoins, tout en restant dans le cadre d’un usage familial et raisonnable.
Conseils d’utilisation des teintures maison
Une teinture de plante se prend généralement en mélangeant quelques gouttes dans un peu d’eau. L’usage d’un flacon compte-gouttes facilite le dosage précis de la quantité souhaitée. La teinture se consomme le plus souvent par voie orale, diluée dans un fond d’eau, de tisane ou de jus de fruit pour atténuer la saveur alcoolisée. Par exemple, versez les gouttes dans un petit fond d’eau dans un verre, puis buvez-le. Il n’est pas conseillé de la boire pure : le goût est très fort et l’alcool non dilué peut irriter les muqueuses de la bouche et de la gorge. Vous pouvez en revanche déposer les gouttes sur un sucre ou une cuillère de miel pour faciliter la prise si besoin, ou même incorporer la teinture dans un aliment (yaourt, compote) tant que la quantité d’alcool reste minime.
Dosage pour les adultes : la posologie varie selon la plante employée, sa concentration et l’effet recherché, mais d’une manière générale on recommande environ 25 à 30 gouttes, deux à trois fois par jour. Par exemple, 30 gouttes le matin et 30 gouttes le soir avant les repas. À quoi correspondent 30 gouttes ? Environ 1,5 à 2 mL de solution (pour donner un ordre d’idée, 1 cuillère à café fait 5 mL). Il est toujours prudent de commencer par une dose plus faible pour observer comment vous réagissez, puis d’ajuster si nécessaire dans la fourchette recommandée. Pour certaines plantes très stimulantes ou au contraire très calmantes, on pourra se contenter de ~20 gouttes par prise, alors que pour d’autres plus douces on pourra aller jusqu’à 50 gouttes – mais 40 gouttes trois fois par jour est une limite haute à ne pas dépasser, sauf avis professionnel contraire. Par ailleurs, lorsqu’on prend une teinture en cure, il est souvent conseillé de procéder par périodes de 3 semaines de prise quotidienne puis 1 semaine de pause, afin d’éviter l’accoutumance et de laisser l’organisme se reposer.
Dosage pour les enfants : en raison de la présence d’alcool, l’usage des teintures est généralement déconseillé aux enfants de moins de 6 ans. Pour les plus grands (à partir de ~6 ans), on peut envisager certaines teintures douces, mais en adaptant fortement la dose. La règle d’or est souvent d’environ 1 goutte par année d’âge, par prise. Autrement dit, un enfant de 6 ans ne prendra pas plus de 6 gouttes par dose, diluées dans un verre d’eau ou de jus. Et on ne dépassera pas deux prises par jour chez un jeune enfant. Ainsi, un enfant de 8 ans pourrait prendre 8 gouttes le matin et 8 gouttes le soir d’une teinture adaptée, pas plus. Il est impératif de bien choisir la plante (certaines sont réservées aux adultes) et l’idéal reste de demander conseil à un professionnel de santé avant d’administrer une teinture à un enfant. Par sécurité, on évitera toute teinture chez un enfant présentant une maladie chronique, un trouble neurologique, ou suivant un traitement médicamenteux (risque d’interactions). En tout état de cause, n’utilisez les extraits hydroalcooliques chez l’enfant qu’avec parcimonie et seulement en l’absence d’alternative plus adaptée.
Utilisation externe : pour mémoire, certaines teintures s’utilisent aussi par voie externe. On peut appliquer une teinture directement sur la peau (avec un coton) pour désinfecter une petite plaie ou en cas de piqûre d’insecte (exemple : teinture de propolis), ou encore en friction sur une zone endolorie (exemple : teinture d’arnica après un choc, en évitant une plaie ouverte). Il est conseillé de diluer légèrement la teinture dans un peu d’eau si la peau de la personne est sensible, afin d’éviter une irritation due à l’alcool. Ne recouvrez pas la zone traitée avec un pansement occlusif, pour laisser l’alcool s’évaporer. Enfin, attention avec la teinture de millepertuis appliquée sur la peau : elle est photosensibilisante, il ne faut pas s’exposer au soleil après son usage sous peine de voir apparaître des rougeurs.
Avertissement légal
En France, les extraits hydroalcooliques de plantes (alcoolatures maison) sont considérés comme des compléments alimentaires et non comme des médicaments. De ce fait, la loi interdit de leur attribuer des allégations thérapeutiques spécifiques : on ne peut officiellement pas dire qu’ils « soignent » telle ou telle maladie. Les informations données dans cet article le sont à titre informatif et éducatif, dans le cadre d’un usage traditionnel des plantes. Elles ne constituent en aucun cas un avis médical. Pour tout problème de santé, symptôme persistant ou traitement en cours, consultez au préalable un professionnel de santé qualifié.
Automédication responsable : si les remèdes naturels sont précieux pour les petits maux du quotidien, ne tardez pas à consulter un médecin en l’absence d’amélioration ou si les symptômes s’aggravent. Écoutez votre corps et faites preuve de bon sens. En cas de doute, l’avis d’un professionnel de santé prime toujours sur les conseils généraux.
Conclusion
Se lancer dans la préparation d’extraits de plantes, c’est renouer avec une pratique ancestrale tout en gagnant en indépendance pour sa santé. Fabriquer ses propres teintures maison est un processus à la fois sérieux (on manipule des substances actives, il faut respecter les règles d’hygiène et de dosage) et inspirant, car il nous reconnecte à la nature et à notre capacité d’agir sur notre bien-être. Que vous souhaitiez conserver une belle récolte de menthe du jardin sous forme de teinture, ou créer votre trousse de soins naturelle « maison », l’extrait hydroalcoolique est une méthode de choix.
Le site Plantes & Recettes vous accompagne dans cette démarche : vous y trouverez tout le matériel nécessaire pour fabriquer vos extraits vous-même (bocaux, flacons ambrés, etc.), ainsi qu’une large sélection de plantes médicinales bio de haute qualité prêtes à l’emploi. Si vous manquez de temps ou préférez la simplicité, Plantes & Recettes propose également des extraits de plantes prêts à l’emploi, formulés avec soin par des herboristes experts, pour une utilisation immédiate en toute confiance. N’hésitez pas à explorer ces ressources et à vous lancer dans l’aventure : réaliser vos propres teintures est un geste à la fois simple et gratifiant, qui vous permettra de profiter pleinement des bienfaits des plantes au quotidien.
En renouant avec ces savoir-faire d’herboristerie, chacun peut avancer sur le chemin d’une santé plus naturelle, autonome et éclairée. Alors à vos bocaux et flacons… et bonne préparation de vos extraits de plantes !